Karine BALSERA
Personne n’est inemployable !
Cette affirmation nous a inspiré et les idées qui la supportent sont efficacement développées dans l’article de Thierry Dock intitulé « Pour un abandon du principe d’inemployabilité », et publié dans le onzième numéro de la revue Démocratie en Novembre 2020.
Aujourd’hui, les personnes restées trop longtemps inactives sont jaugées selon un critère
« d’employabilité».
L’employabilité est une invention récente et très en vogue. Elle est apparue avec le chômage de masse, avec plus particulièrement avec l’apparition d’un chômage de longue durée. Pourtant, en reconsidérant la question, certains chercheurs et auteurs prônent que c’est bel et bien la société et le marché du travail actuel avec ses tendances, ses injonctions et ses désengagements qui génèrent cette « inemployabilité », créant ainsi un critère discriminatoire de plus à l’embauche.
En résumé la question posée est la suivante : et si notre incapacité à trouver des solutions au
chômage tenait en réalité à une fixation sur l’individu et sur sa supposée inemployabilité ? et si le véritable problème était le marché du travail lui-même.
Ainsi, l’association Transfer (prolongement de l’Association de coordination et de recherche pour l’insertion professionnelle des jeunes [ACRIP], créée en 1982) s’attache à insérer des publics précaires depuis de très nombreuses années maintenant avec une méthode d’intervention sur l’offre et la demande (IOD) : travailler sur le marché du travail, sur les offres d’emploi, plutôt que sur « l’employabilité » des candidats. L’hypothèse sous-jacente est que « les modes de gestion et de sélection de la main-d’œuvre opérés par les entreprises ont une influence majeure sur la durée de chômage des individus et ont leur part de responsabilité dans la construction de l »inemployabilité’ des travailleurs ».
La démarche IOD invite à balayer nos présupposés et de passer d’une logique d’action sur les
difficultés personnelles pour adapter la personne et ses caractéristiques aux exigences des
employeurs, à une logique « tournée davantage vers les entreprises et leurs pratiques ».
Comme indiqué au sein de l’association , « A contrepied de l’employabilité et des représentations invalidantes des publics en insertion, IOD priorise la coopération avec les entreprises avec l’ambition de prendre une place active dans la régulation d’un marché de travail où les flux de main d’œuvre profitent peu aux populations en situations précaires ».
Nous vous proposons un gros plan sur cet article : Pour un abandon du principe d’inemployabilité
Et si on changeait ensemble de paradigme !?!
Transfer IOD (transfer-iod.org)
« Personne n’est inemployable » : reconsidérer la démarche d’insertion sociale et professionnelle, par Raphaël Wintrebert (lemonde.fr)